La classification québécoise du processus de production du handicap s’appuie sur un modèle de développement applicable à tout être humain.
En cela, elle se démarque des modèles explicatifs des conséquences des maladies ou autres troubles, modèles dont les inconvénients apparaissent liés aux contextes institutionnels et de santé qui sont à leur origine.
Le modèle générique du développement humain sur lequel elle repose met en interaction, d’une part des facteurs personnels, d’autre part des facteurs environnementaux, interaction dont il résulte des habitudes de vie qui elles-mêmes peuvent produire des effets en retour sur les facteurs personnels et les facteurs environnementaux. (dans le schéma ci-dessous, les flèches noires figurent les interactions possibles)
A partir de ce modèle de développement applicable à tous, il est possible de distinguer dans le registre des facteurs personnels, d’une part les systèmes organiques (le corps), et d’autre part les aptitudes personnelles.
Les grandes catégories de systèmes organiques sont les suivantes :
système nerveux,
système auriculaire,
système oculaire,
système digestif,
système respiratoire,
système cardio-vasculaire,
système hématopoïétique et immunitaire,
système urinaire,
système endocrinien,
système reproducteur,
système cutané
système musculaire,
système squelettique,
système morphologique.
Quant aux « aptitudes personnelles », elles sont définies comme la possibilité pour une personne d’accomplir une activité physique ou mentale.
On compte dix grandes catégories d’aptitudes personnelles :
les aptitudes reliées aux activités intellectuelles,
les aptitudes reliées aux langages,
les aptitudes reliées aux comportements,
les aptitudes reliées aux sens et à la perception,
les aptitudes reliées aux activités motrices
les aptitudes reliées à la respiration,
les aptitudes reliées à la digestion,
les aptitudes reliées à l’excrétion,
les aptitudes reliées à la reproduction,
les aptitudes reliées à la protection et à la résistance.
On voit donc que ces aptitudes ne dépendent pas seulement des systèmes organiques, mais sont aussi influencées par le contexte environnemental et par ce que fait la personne dans la vie courante (habitudes de vie).
On mesure les aptitudes sur une échelle variant entre « capacité » et « incapacité », la capacité optimale correspondant à une aptitude intacte, et une incapacité correspondant au degré de réduction d’une aptitude. Le terme « processus de production du handicap » (PPH) désigne l’ensemble du phénomène des causes et conséquences des maladies et traumatismes. Son équivalent en langue anglaise est « Process of Disablement », soit « Processus handicapant ».
Le phénomène général du « handicap » est à distinguer du concept de « situations de handicap » qui se rapporte à la possibilité de réalisation des « habitudes de vie » et qui n’en constitue donc qu’une partie.
Dans le schéma ci-dessous, les « facteurs de risques », parce qu’ils incluent des variables personnelles à côté de variables environnementales sont à distinguer des « facteurs environnementaux » qui influent sur les « habitudes de vie ». Un facteur de risque est un élément appartenant à l’individu ou provenant de l’environnement susceptible de provoquer une maladie, un traumatisme ou toute autre atteinte à l’intégrité ou au développement de la personne.
Les quatre grandes catégories de facteurs de risque sont :
les risques biologiques,
les risques liés à l’environnement physique,
les risques liés à l’organisation sociale,
les risques liés aux comportements individuels et sociaux.
Ces facteurs de risques peuvent devenir des « causes effectives » de maladie, de traumatisme ou de toute autre atteinte à l’intégrité ou au développement de la personne.
Ces causes sont classées selon l’échelle suivante :
cause prédisposante,
cause déclenchante,
cause persistante,
cause aggravante.
D’autre part, on définit un facteur environnemental à partir des dimensions sociales ou physiques qui déterminent l’organisation et le contexte d’une société.
Les facteurs environnementaux sont classés en deux grandes catégories, « les facteurs sociaux » et « les facteurs physiques », qui se subdivisent chacune en deux sous-catégories :
facteurs sociaux :
facteurs politico-économiques,
facteurs socio-culturels,
facteurs physiques :
nature
aménagements.
Les facteurs environnementaux s’évaluent sur une échelle qui varie entre « facilitateur » et « obstacle » :
un facilitateur est un facteur qui favorise la réalisation d’habitudes de vie,
un obstacle est un facteur qui entrave la réalisation d’habitudes de vie.
Quant aux habitudes de vie, elles sont définies ainsi :
Une habitude de vie est une activité courante ou un rôle social qui assure la survie et l’épanouissement d’une personne dans la société tout au long de son existence.
Il y a treize grandes catégories d’habitudes de vie :
Nutrition,
Condition corporelle,
Soins personnels,
Communication,
Habitation,
Déplacement,
Responsabilités,
Relations interpersonnelles,
Vie communautaire,
Education,
Travail,
Loisirs,
Autres habitudes.
Les habitudes de vie s’évaluent sur une échelle qui varie des « situations de participation sociale » aux « situations de handicap ».
une situation de participation sociale correspond à la réalisation des habitudes de vie.
une situation de handicap correspond à la réduction de la réalisation des habitudes de vie.